Notre parc nucléaire vieillit et nous commençons à aborder la phase prévisible et coûteuse du combat contre la vétusté des installations. Au centre du dispositif, le grand carénage et une facture extrêmement coûteuse, mais aussi un grand vecteur d’emploi.
Le grand carénage a débuté il y a peu près un an avec la centrale de Paluel, une des plus ancienne centrale en activité, qui connait notamment le remplacement d’un de ses générateurs. Ce chantier pharaonique, écho trentenaire de la vague de nucléarisation de notre production électrique, va coûter plusieurs dizaines de milliards d’euros et s’achèvera vers 2030. L’opération vise à prolonger la longévité des réacteurs jusqu’à 60 ans, en remplaçant certains équipements arrivant en fin de vie.
Ces travaux, combinés à la mise aux nouvelles normes définies suites à l’accident de Fukushima, représentent un chantier qui sera générateur de plus de 100 000 emplois direct et indirects dans les 15 prochaines années… et une facture estimée à 100 milliards d’euros.
De nombreux emplois dans la maintenance
Les centrales nucléaires ont une position extrêmement symbolique quand il s’agit de la sûreté des installations : scrutées par les ONG, questionnées par les médias, elles cristallisent autour d’elles (parfois à tort, souvent à raison) les craintes de l’inconscient collectif envers les grands sites industriels à risque.
Mais au-delà des apparences, l’outil de production électrique nucléaire est bien un des plus grands employeurs en France, en particulier dans le domaine de la maintenance. Environ 2% des emplois en France dépendent directement ou indirectement du nucléaire, et ce poids pourrait doubler dans les deux prochaines décennies.
Encore un siècle pour le nucléaire Français
Les centrales nucléaires actuellement en service devront tirer leur révérence progressivement entre les années 2040 et 2060, suivie d’une longue phase de démantèlement dont la durée est estimée de 30 à 60 ans, selon le type de réacteur.
Jusqu’à ce que les dernières barres de combustible ne s’épuisent dans chacune de ces centrales, ces sites connaîtront des besoins de main-d’oeuvre accrus pour préserver la sûreté et la longévité des équipements. Pendant leur lent démantèlement, elles continueront à réclamer entretien et surveillance. A titre d’exemple, le réacteur G1 de Marcoule, le plus vieux réacteur d’Europe de l’Ouest, ayant fonctionné de 1955 à 1968, ne verra son démantèlement, démarré en 1969, s’achever qu’en 2035.
En comptant l’EPR, qui devrait entrer en service dans les prochaines années, il y aura encore très probablement des techniciens de maintenance au service du nucléaire au début du 22e siècle. On peut donc parler d’un secteur qui restera porteur d’une masse d’emploi garanti, et pourrait donc susciter quelques vocations.